Peu de temps après l’arrivée de Yuuki et l’ordre qu’elle reçut de Dame Galdriel de la protéger, Lunamiel avait ressenti une étrange présence qui rodait autour de la maison. Inquiète pour la sécurité de son amie, elle fit son enquête, utilisant ses talents de communication avec la nature afin de découvrir de quoi il retournait mais ne trouva que très peu d’indices. Néanmoins, un jour elle fut chanceuse.
En effet, un vieil hibou qui vivait dans le coin aperçut le rôdeur et put lui en faire une description assez détaillée. Il s’agissait à priori d’une mystérieuse jeune femme aux longs cheveux d’or qui, régulièrement, venait observer ce qu’il se passait dans la maison. Lunamiel, persuadée que cette inconnue n’avait rien d’humain, envoya un message à Dame Galdriel afin d’obtenir peut-être plus d’informations.
Pour toute réponse et à sa grande surprise, elle reçut un paquet protégé par un charme d’identité très puissant de sorte que seule Lunamiel pouvait en briser le sceau.
Le précieux paquet contenait un vieux manuscrit, issu des archives personnelles de la Dame, ainsi que l’ordre de le garder secret et de le protéger.
Le début de ce manuscrit semblait être un journal, tenu par un prédécesseur de Dame Galdriel à la tête de la 1ère Maison, à une époque très lointaine. Il parlait surtout d’un grand royaume auquel ce mage paraissait très attaché. Sa vie, ses expériences, ses sentiments, tout y était. La vie d’un ange couchée sur le papier.
La suite, visiblement écrite d’une main différente, relatait ce qu’il n’avait de toute évidence pas pu écrire. Cela décrivait ni plus ni moins que sa déchéance, la destruction de ce royaume qu’il avait tant aimé, sa famille, son statut, jusqu’à la punition ultime.
Lunamiel fut extrêmement touchée par la lecture de ce journal et eu du mal à retenir ses larmes de chagrin pour ce Grand Mage qui avait tant souffert et ce royaume jusque-là en paix, mais aussi d’indignation face aux injustices qu’ils avaient subies. Néanmoins, elle n’était pas arrivée au comble de ses surprises.
Dans les dernières pages du journal, en épilogue à cette dramatique histoire, se trouvait précisément décrite les conséquences de toute cette souffrance : la « Grande Scission », la grande île d’Avalon disloquée, divisée, les terres d’Infernos repoussées. L’une des plus grandes catastrophes qu’aient subies les Terres Célestes, un châtiment divin sur ceux qui se proclamaient eux-mêmes « enfants de Dieu ».
Elle comprenait maintenant pourquoi ce manuscrit devait être tenu secret et protégé. Il l’avait probablement été par chaque Seigneur des Grands Mages depuis cette époque. Il relatait en détails les raisons de cette Grande Scission, les raisons du châtiment qu’avait subi la grande île d’Avalon, ancien nom des Terres Célestes. Jusqu’à aujourd’hui, les autorités célestes avaient toujours tout fait pour oublier et faire oublier ce désastre, s’ils tombaient sur ce livre, probablement le dernier à relater les faits réels de cette époque, il serait sûrement détruit. Et qu’arrivait-il à la Maison des Grands Mages ayant protégé ce secret si longtemps? Elle n’osait l’imaginer. Dame Galdriel avait pris un très gros risque en sortant le manuscrit des archives pour le lui envoyer, elle ne l’aurait pas fait si ce n’avait pas été d’une très grande importance.
Lunamiel lut donc tout le livre avec attention et discrétion, découvrant ainsi en détails l’un des plus grands et terribles secrets de l’histoire angélique. Enfin, arrivée à la toute dernière page du manuscrit, elle put lire ces dernières lignes mystérieuses mais néanmoins porteuses d’espoirs. La main qui les avait écrites était différente des précédentes et ces écrits semblaient bien plus récents que les autres. C’était un ultime message visiblement adressé à l’unique survivante du peuple de ce royaume oublié :
FIN.