Voilà. C’est terminé. Ma quête de vérité a touché son but. Rien ne sera plus jamais comme avant. Qui aurait pu deviner que ça finirait ainsi? Certainement pas moi, je l’assure. Comment aurais-je pu même l’imaginer? Tout ce que je connaissais, ou semblait connaitre, s’est définitivement envolé…
Ma vie a changé à tout jamais.
Après avoir longtemps hésité, et voyant que je n’arriverais pas à lui poser la question de but en blanc, j’ai cherché un autre moyen d’avoir la réponse que je cherchais… J’ai donc décidé de retourner dans le manoir de mon oncle pour y effectuer des recherches.
Quand je l’ai annoncé aux autres, j’ai prétexté vouloir faire des recherches sur les Reliques d'Avalon. Ce n’était pas tout à fait faux, si elles existaient vraiment, il était fort probable qu’il y ait quelque chose à ce sujet dans le bureau de mon oncle ou dans son immense bibliothèque.
C’est alors que Yuuki lança l’idée de m’accompagner, elle n’avait jamais été en Écosse. Elle fut tout de suite soutenue par Cherry et elles convainquirent le reste de l’ « équipe ». Même Elize me supplia de la laisser venir. Je doute que ce fut du goût de Cherry mais j’imagine que tout le monde a droit à des vacances, non? On réserva alors un grand appartement à Edinburgh ce qui était parfait finalement. C’était assez près de l’île de Seil et il y avait de quoi occuper tout le monde pendant mes recherches.
Le lendemain de notre arrivée, alors que tous prévoyaient leurs différentes activités, je louais une voiture et me dirigeais vers l’île de mon enfance. Lilith, Lunamiel, Arwen et même Serah m’ont proposée leur aide mais j’ai décliné l’invitation affirmant être la seule à trouver quoi que ce soit dans l’organisation du bureau et sous-entendant que j’avais besoin de me ressourcer un peu, ce qui n’était pas tout à fait faux non plus…
Je parti donc seule le matin de bonne heure et me dirigeais vers l’ouest. Vers midi, j’étais aux portes du domaine.
Il était tel que je l’avais laissé. James, le gardien, et sa femme Amelia continuait d’en prendre soin, comme ils le faisaient du temps où nous y vivions encore. Rien n’avait changé, excepté le silence. Du temps de mon oncle, il y avait toujours du bruit, de la musique, il affirmait être incapable de réfléchir sans musique… Une profonde nostalgie m’envahit quand je franchis les portes du domaine. Je ne pensais pas qu’il me manquait autant.
Dans un premier temps, je suis donc allée saluer James et Amelia afin de les avertir de ma présence. Ils furent bien sûr très surpris mais m’accueillirent à bras ouverts. Je dois avouer que j’étais très heureuse de les retrouver. Je les ai toujours connus, je ne saurais dire depuis quand ils occupent l’annexe du manoir. Pour moi, après mon oncle, ils sont ce qui se rapprochent le plus d’une famille. Amelia m’offrit le thé et ils me posèrent milles questions. Ils parlèrent aussi du domaine, des environs, de la vie sur l’île,...
Enfin, James me proposa de l’accompagner dans le jardin. Il avait toujours été un jardinier hors pair et très fier de son travail. Il fut très heureux quand j’acceptai de le suivre dans le jardin afin d’admirer l’allée des hortensias dont il prenait tant soin. Ils m’ont semblé particulièrement beaux cette année. Je me souviens comme j’ai pu jouer dans ces allées aux multiples couleurs!
J’aurais pu rester des heures durant à écouter James me parler des fleurs, des arbres, de la pluie toujours trop abondante, du manque de soleil,… Toujours les mêmes conversations… Je me retrouvais des années en arrière, de si belles années… Hélas, je n’étais pas là pour parler de jardinage et je dû écourter la promenade. Il me fallait visiter le bureau de mon oncle. Je devais trouver quelque chose, n’importe quoi en rapport avec l’accident de mes parents.
Amelia m’ouvrit donc le bureau, fermé à clé depuis presque trois ans maintenant. Elle m’affirma n’avoir touché à rien, m’offrit une dernière tasse de thé et me laissa seule avec mes souvenirs. Mon oncle Ailbeart et moi avions passé tant de temps dans ce bureau. Je connaissais la place de chaque chose, le titre de chaque ouvrage… Là non plus, rien n’avait changé. J’entrepris donc mes recherches. Des heures durant, je décortiquais les dossiers, feuilletais les livres,… Rien. La nuit était tombée, j’entendais Amelia passer régulièrement dans le couloir. Elle n’ouvrait la porte que pour me proposer une autre tasse de thé ou de quoi l’accompagner. Je commençais à désespérer.
Néanmoins, finalement, alors que mon regard balayait les longues rangées de livres couvrant les murs, il s’arrêta sur un en particulier, dont le titre sur la tranche attira mon attention. Il était intitulé « L’Héritage du Démon ». Je le saisis et commençai à feuilleter les premières pages. Ce livre avait visiblement était écrit par l’un de nos ancêtres à la fin du 19ème siècle. Nous avions toujours été une famille d’érudits…
Je n’avais jamais ouvert ce livre jusqu’à ce jour, et mon oncle ne m’en avait jamais parlée, je ne savais donc pas ce dont il parlait. Il faut aussi dire que jusqu’à présent je n’avais vraiment aucun intérêt pour le monde démoniaque… Évidemment, aujourd’hui tout est différent et cet ouvrage reçut tout mon intérêt.
Il y était question d’un demi-démon, Myrddin, à l’illustre destin. En effet, malgré son ascendance démoniaque, il choisit de protéger les Hommes et d’accomplir le Bien, une histoire connue de tous. Ce n’était finalement qu’un roman, rien de plus, une énième version de la légende. Qui n’a jamais entendu parler de Merlin l’enchanteur? Le nom change mais l’histoire reste plus ou moins la même,… Néanmoins, je m’attardais sur ce livre. Un nom avait retenu mon attention, celui du démon qui avait engendré Myrddin… « Bélial ». Je connaissais ce nom, je le savais et pas seulement parce que je l’avais lu… Ce nom me renvoyait dans le passé, me renvoyait à cette nuit-là… Il y avait un lien, j’en étais sûre… Je continuais donc ma lecture jusqu’à la découverte de la fameuse épée, connue aujourd’hui sous le nom d’Excalibur mais dans le livre mentionnée comme l’Épée des Rois… A la lecture de cette appellation mon esprit vibra… « L’Épée des Rois »… Une épée couronnée aux pouvoirs reconnus… tout comme celle sur le symbole des Reliques d’Avalon. Se pouvait-il qu’il s’agisse de la même arme? Cela ne pouvait être une coïncidence. Je laissai là mes réflexions pour continuer ma lecture jusqu’à l’issue tragique de l’histoire. Je n’avais finalement rien appris de solide sur l’accident de mes parents. Alors que je refermai le livre, une feuille de papier pliée glissa. Quoique jaunie et visiblement souvent manipulée, elle était de toute évidence beaucoup plus récente que l’ouvrage. Il s’agissait d’un rapport, non, du rapport de l’accident de mes parents. Un rapport que je n’avais jamais vu, plus complet que celui que m’avait montré mon oncle des années auparavant. Un rapport qui ne laissait plus de place au doute.
« Portière droite avant arrachée », « aucune trace d’impact »,… Mon père avait été extrait de la voiture par la portière et violemment projeté contre la paroi rocheuse. Tué sur le coup. Ma mère était visiblement sortie seule de la voiture mais avait eu la nuque brisée. Tous les deux portaient sur eux des marques laissant clairement comprendre qu’ils avaient été tués à main nue, visiblement une seule avait suffi. Hors, il est inenvisageable qu’un simple humain ait pu agripper un homme adulte de bonne constitution et l’envoyé frapper la paroi plusieurs mètres plus loin d’une seule main. Pour moi, à ce moment-là, il était évident qu’il s’agissait de l’œuvre d’un démon. De plus, je doute que le rapport se soit trouvé là par hasard, mon oncle a dû arriver à cette conclusion il y a déjà bien longtemps. Tout était lié. Ce doit d’ailleurs être la raison pour laquelle il m’avait montrée un faux…
Je rangeai le rapport et le livre dans ma sacoche. C’était le petit matin, j’avais lu toute la nuit. Je quittai donc le manoir, non sans avoir vu James et Amelia une dernière fois et leur avoir promis de mettre moins de temps à revenir la prochaine fois.
Je laissai à nouveau ce domaine, « ma famille », avec la certitude cette fois que j’aurai toujours un « chez moi » et que je reviendrai. Après avoir embrassé chaleureusement le gardien et sa femme, je m’en retournai, j’avais des choses à régler.
A suivre…