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Pullip Art
15 juin 2012

La véritable histoire d'Elize Goldenhive

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     Le Comte et la Comtesse Goldenhive était l’image même de la réussite. Couple très harmonieux, pourtant marié très jeune par leurs familles respectives, William et Susan s’étaient très vite plus. Ambitieux et visionnaire, le comte investit dans l’exploitation d’une mine de charbon dans le Yorkshire. Unique actionnaire et propriétaire, son ascension financière impressionnante devint une référence dans le milieu de la noblesse de York.

 En 1862, vint au monde leur premier enfant, une petite fille du nom d’Elize. Le couple Goldenhive était au comble du bonheur. Malheureusement, l’accouchement avait terriblement affaibli la Comtesse, qui ne sortit qu’épisodiquement de la propriété par la suite. Afin d’offrir à sa femme quelques heures de calme et de repos, le Comte prit donc l’habitude d’emmener la petite partout avec lui, au plus grand bonheur de cette dernière qui adorait son père. Elize débordait d’énergie, était curieuse de tout et très sociable. Tout le monde l’adorait et elle en profitait. D’ailleurs, extrêmement obstinée, elle acceptait très mal le refus et son père en était le premier responsable, rien n’était trop beau pour sa petite princesse !
Sept ans après sa naissance, et ce malgré l’état de santé de la Comtesse, une nouvelle petite fille vint au monde dans la maison Goldenhive, Beth. Beth était tout le contraire de sa sœur. De constitution plus fragile, elle ne sortait que rarement et était très proche de sa mère. Alors qu’Elize avait toujours soif d’aventure et de voyages, Beth aimait rester au calme à jouer à la poupée ou à feuilleter un livre d’images auprès de la Comtesse. Mais malgré leur différences, Elize et Beth s’adoraient. A l’heure du thé, Elize adorait raconter des histoires à sa petite sœur, des contes merveilleux, des histoires de chevaliers,… et les rendait le plus vivant possible! Elle avait un vrai sens de la comédie. De son côté, Beth l’écoutait avec la plus grande attention possible, elle admirait sa sœur sous l’œil amusé de la Comtesse et du Comte quand son travail lui permettait de profiter de ce moment.
Les jours s’écoulaient paisiblement dans la grande propriété de York…
 
 Elize atteint l’âge de dix ans et promettait déjà d’être une belle jeune fille au caractère bien trempé, pour qui les usages et protocoles n’étaient absolument pas une priorité. Elle préférait de loin se promener, tantôt à pied tantôt à cheval dans les bois longeant la propriété. Le Comte lui avait appris très jeune à monter et elle était déjà une cavalière aguerrie. D’ailleurs, dès qu’il en avait le temps, ils partaient tous les deux pour de longues promenades.
Par une belle journée d’automne, le Comte et sa fille partirent donc pour une de leur excursion afin de profiter des couleurs rougeoyantes de la forêt. Ils allaient discutant, Elize adorait que son père lui parle de ses voyages d’affaires. Plus tard, elle aussi voyagerait à travers le pays, se disait-elle…
C’est alors que tout alla très vite. Le cerf surgit, puis la meute de chiens,… le cheval rua et le Comte fut désarçonné. Les chasses à courre étaient pourtant interdites dans cette partie de la forêt… Elize sauta de son cheval et accourut auprès de son père inconscient. Du sang coulait au niveau de sa tempe. Elle eut beau l’appeler, crier, pleurer toutes les larmes de son corps, plus jamais le Comte Goldenhive n’ouvrit les yeux,…
Elize en fut inconsolable et elle, d’habitude une enfant si ouverte et enjouée, se referma sur elle-même et ne quitta plus sa chambre. La santé de la Comtesse empira encore et seule la présence de ses filles lui apportait du réconfort, notamment celle de Beth qui, du haut de ses trois ans, ne comprenait pas tout à fait ce qu’il se passait et avait besoin d’elle.
 
 Au bout de quelques temps, la famille Goldenhive s’inquiéta de ne plus les voir sortir de la maison, repliées sur elles-mêmes. Les affaires du Comte était toujours aussi fleurissantes, mais ne plus voir âme qui vive sortir du domaine commençait à faire « parler » les clients. Le Comte était très respecté et avait toujours eu le sens du contact et, pour les clients, se retrouver sans interlocuteurs, représentant la famille Goldenhive, commençait à les inquiéter. Aussi petit à petit, la famille en visite chez la Comtesse commença à mentionner un éventuel « remariage ». Évidemment, l’idée fut très mal reçue par Susan qui refusa catégoriquement. Mais au bout de quelques mois, devant les arguments de la famille, « devant sa santé de plus en plus fragile », « craignant pour trois femmes seules » ou encore, « devant le risque de perdre la compagnie que William avait créé, dans lequel il avait tout investit », elle se résigna.
En 1874, deux après la mort du Comte, elle épousa Ulrich Carlisle, le bras droit de William. L’homme le plus « qualifié » pour gérer les intérêts de la famille Goldenhive. Les noces furent très simples et sans grande joie, un mariage aux airs de contrat d’affaire. Les clients purent à nouveau mettre un visage sur la compagnie, Ulrich s’occupait de toutes les affaires de la famille, cette dernière était rassurée et fière d’avoir choisi un tel homme. La Comtesse n’avait plus à supporter leurs allers et venues, leurs critiques incessantes quant à son deuil persistant. En effet, elle avait été claire à ce sujet, le mariage ne devait servir qu’à préserver la compagnie de son mari, il était hors de question que quiconque remplace William. Ulrich fut d’ailleurs tout à fait compréhensif vis-à-vis de ce point et finalement, après le mariage, la vie de Susan et de ses filles ne changea guère.
Ulrich était toujours très occupé avec les affaires de la compagnie, toujours en déplacement, rarement à la maison. La Comtesse continuait de prendre soin de ses filles et de leur éducation. Elize s’était rapproché d’elle et de la petite Beth, se soutenant mutuellement dans leur chagrin. Elles n’avaient besoin rien, ni de personne d’autres...
La vie n’était pas si désagréable au vu des circonstances. Elize n’avait bien entendu jamais approuvé le remariage de sa mère mais elle s’en était accommodée sachant que cette dernière n’avait pas eu le choix. Et puis, Ulrich, n’était pas désagréable, peu présent, il s’imposait peu. Seule la compagnie l’importait et il ne faisait d’ailleurs même pas semblant de s’intéresser à autre chose, ce que la jeune fille appréciait.
Seul le mois d’août changeait des habitudes installées. En effet, Ulrich avait proposé que chaque été, il serait agréable de se retrouver dans la propriété de campagne de sa famille, dans le Kent. Devant le peu de requêtes de ce dernier, la Comtesse accepta sans discuter. La maison était très agréable, située sur la côte, bercée par le bruit du vent dans les arbres. Elize aimait se promener le long de plage le matin. L’après-midi, elle allait voir les chevaux galoper dans un pré, non loin de la propriété. Elle n’avait plus jamais monté depuis le décès de son père mais elle n’avait jamais cessé de les admirer. Elle se lia alors d’amitié avec Peter, de trois ans son ainé, qui travaillait aux écuries. C’était un garçon très enjoué et très bavard, ce qui contrastait avec Elize qui restait souvent les yeux dans le vague en l’écoutant. Néanmoins, c’était son premier ami depuis longtemps, le seul. Ils aimaient marcher le long du pré en admirant les poulains. Peter parlait de son travail qu’il adorait, elle l’écoutait et cela leur suffisait pour passer de très bons après-midis.
Le mois d’août fila à toute vitesse, et tout le monde apprécia ces petites vacances. Néanmoins, Susan, Elize et Beth étaient heureuses de retourner à York, c’était chez elles. Et la routine reprit son cours. Elize correspondait avec Peter et ils restèrent en contact toute l’année durant. Elle attendait ses lettres avec impatience. Et recommença peu à peu à s’ouvrir au monde, à la plus grande joie de sa mère.
 
 La deuxième année, Elize se surprit à attendre le mois d’août et le séjour dans le Kent avec impatience. Elle avait quatorze ans.
Le trajet lui paraissait durer une éternité mais finalement ils arrivèrent. Ulrich s’éclipsa très vite comme à son habitude, Susan fit le tour de la maison accompagnée de Wendy, la femme de ménage de la famille d’Ulrich et de la petite Beth. Elize prit à peine le temps de monter ses affaires dans sa chambre qu’elle partit jusqu’aux écuries où Peter l’attendait, suite à l’annonce de son arrivée dans ses lettres. Le temps promettait de belles journées, l’été de merveilleux souvenirs…
Le mois d’août allait tranquillement. Un soir pourtant, Elize rentra un peu en retard pour l’heure du thé, moment privilégié pour la famille où tous se retrouvaient pour bavarder. Peter, pour la énième fois depuis le début des vacances, avait essayé de la convaincre de monter à nouveau l’un des chevaux des écuries…
En arrivant dans le petit salon, elle ressentit quelque chose d’étrange. Sa mère et sa sœur étaient là, assises, immobiles, les yeux fermés, comme endormies. On aurait dit deux poupées… Ulrich n’était pas encore rentré. Elize s’approcha de sa mère en l’appelant doucement mais il n’y eu aucune réaction. Elle aperçut alors la tasse de thé renversée au pied de sa mère. Elle agrippa alors sa mère par les épaules et la secoua en criant, toujours rien. Paniquée elle accourut vers sa sœur. Malheureusement, la petite, elle aussi, semblait sans vie. C’est alors que, penchait sur le corps de la petite Beth, elle sentit un violent coup sur le haut de la tête. Elle ne vit pas d’où le coup avait pu venir, elle se sentit juste sombrer. Néanmoins, elle entendit une voix qui semblait lointaine au fur et à mesure qu’elle perdait conscience. La voix d’Ulrich… Elle ne put comprendre ses mots et sombra.
La chaleur, le feu, la suffocation… Peter, sa voix, « Tiens bon ! »
 
 Quand Elize ouvrit à nouveau les yeux, seuls des sortes de flash s’imposaient à elle. Elle regarda tout autour d’elle. Elle était dans une petite chambre qu’elle ne connaissait pas. Elle essaya de se lever mais se sentit trop faible pour faire le moindre mouvement. Elle reposa la tête lourde sur l’oreiller et s’endormit à nouveau. Une voix, Peter,… Elle ouvrit à nouveau les yeux. Le jeune homme était assis près d’elle et la regardait avec inquiétude…
La première pensée d’Elize furent pour sa mère et Beth. Le regard de Peter se voilât d’une profonde tristesse mêlée de pitié…
Trois jours plus tôt, alors qu’il rentrait chez lui, il vit de la fumée s’élever du manoir Carlisle et accourut. Quand il fut arrivé sur les lieux, il eut juste eu le temps de voir un homme s’enfuir. Sans réfléchir, il s’était élancé dans le brasier en quête de son amie et l’avait trouvée dans le petit salon à côté des corps de sa mère et de sa sœur. A peine avait-il eu le temps de la mettre en sécurité que le seul accès s’effondra derrière lui, interdisant tout secours. Il porta alors Elize jusqu’à chez lui et la soigna du mieux qu’il put…
« Et Ulrich, demanda la jeune fille?
- A priori, il est arrivé plus tard, une affaire urgente à régler en ville…
- Je vois. » murmura la jeune fille, les yeux perdus dans le vague.
Peter la fixait, comme déstabilisé par son manque de réaction. Il se demanda si elle avait bien compris… Peut-être était-elle en état de choc.
« Ce n’est pas tout, reprit-il en hésitant. Ulrich a déclaré que tu avais aussi péri dans l’incendie… »
Elize le regarda à son tour. Il continua, la tête baissée.
« J’allais leur dire, mais au dernier moment, j’ai pensé à l’homme que j’avais vu s’enfuir et… je sais pas… J’ai rebroussé chemin. »
Peter ne semblait pas comprendre son hésitation. La jeune fille le quitta des yeux et fixa alors dans le vide. Peter jura voir un léger sourire sur ses lèvres et l’entendit murmurer pensivement : « Elize Goldenhive est morte... Hm… C’est parfait. » Jamais il ne sut le sens de ces mots. Peu de temps plus tard, il quitta son emploi sans une explication et on ne le revit plus dans la région. Beaucoup mirent ce départ soudain sur le compte du chagrin d’avoir perdu son amie.
A York, pour tout le monde, Susan Goldenhive et ses deux filles avaient péri dans l’incendie de la maison des Carlisle dans le Kent. Ulrich revint effondré, jura à qui voulait l’entendre qu’il se sentait coupable de n’avoir pas pu les sauver, que jamais il ne pourrait se le pardonner…Oui, il semblait effondré, mais riche aussi. Il hérita de la totalité de la compagnie et la famille Goldenhive qui avait tant insistée pour que la Comtesse épouse cet homme parfait pour protéger les intérêts des Goldenhive ne pouvait plus rien y faire.
 
 
 Le temps passa. Ulrich gérait d’une main de fer la compagnie et menait la grande vie dans la résidence des Goldenhive, enchainant les soirées « mondaines » et les aventures sans lendemain. Nous étions bien loin de la belle époque des nobles Comte et Comtesse Goldenhive. Néanmoins tout semblait sourire à Ulrich!
Pourtant, un soir d’aout 1881, exactement cinq ans après le décès de sa femme et de ses deux filles, Ulrich Carlisle fut trouvé mort, peu de temps après l’heure du thé dans la propriété des Goldenhive…
L’enquête démontra que son thé contenait de l’arsenic à forte dose. Au moment d’interroger les personnels de la propriété, deux manquaient : le garçon d’écurie et sa jeune sœur qui travaillait en cuisine, tous deux âgés d’une vingtaine d’années. Ils avaient été engagés quelques mois plus tôt, n’avaient aucune famille connue. En réponse aux enquêteurs à leur sujet, on leur répondra juste que Peter était un garçon travailleur et enjoué, et sa sœur Betty d’une timidité extrême, sortant rarement des cuisines. On alla jusqu’à leur appartement en ville, un petit deux pièces sous une mansarde, un peu triste mais bien entretenu. On ne trouva aucune trace des deux jeunes gens. Ils avaient disparu…
Automne 1881, les journées sont encore belles dans le Kent… Deux jeunes garçons jouent dans ce qui semble être les vestiges d’une vieille et grande maison non loin de la côte. Des ruines, pour des enfants, forment toujours un superbe terrain de jeu, plein d’aventures et de découvertes... Hélas, ils ne s’attendaient pas à ce qu’ils découvrirent ce jour-là… Au milieu des ruines, le corps d’une jeune femme repose sans vie, assise, adossée contre le reste d’un mur noirci. Elle semblait apaisée, un léger sourire sur ses lèvres bleutées. Dans ses mains, elle tenait encore une tasse de thé…
 

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Commentaires
M
C'est tout ce qu'il y a de plus super , tu as dû te crever a l'écrire *o*
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S
Merci beaucoup! A bientôt alors! [:D]
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S
J'aime bien tes photos et tes textes.<br /> Je reviendrai.
Répondre
S
Merci beaucoup! Ce texte était déjà publié, dans la présentation d'Elize, catégorie [URL]:url:pullipart.canalblog.com/archives/3__histoire_de_mes_pensionnaires/index.html[NAME]Histoire de mes pensionnaires[/URL] mais le spoiler qui le contenait ne marchait plus. Néanmoins, je suis contente qu'il te plaise! Encore merci!
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B
j'espère qu'il y as une suite ,car j'adore cet nouvelle
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